Bobos ou Boubours ?

Les boubours, une nouvelle espèce ?

« Après avoir dominé pendant plus de quinze ans, le bourgeois bohème a visiblement fait son temps », constatait récemment Le Monde ; et de proposer le concept du « bourgeois bourrin » : bref, le boubour pour succéder au bobo, évoquant le livre de Nicolas Chemla, Anthropologie du boubour – ainsi dénommé par référence au célèbre Bobos in Paradise de David Brooks.

Sauf qu’à confondre les riverains branchés de la rue Oberkampf avec les fondateurs de la Nouvelle économie, on risque juste de rater … un changement de civilisation !

Rassurons tout d’abord lecteurs et journalistes de la presse vespérale : les bobos parisiens se portent bien, il suffit de déambuler entre le Bataclan et La Maroquinerie pour s’en convaincre ; ils essaiment maintenant le bas Montreuil, côté Croix de Chavaux, et même au pied de la Butte Montmartre, à deux pas de la Porte de Clignancourt.

Ils sont les lointains héritiers de ces « Décalés » que le CCA de Bernard Cathelat identifiait dès les années 80 – tandis que le bourbour, dont Donald Trump serait la caricature, « trait d’union entre Booba et Laurent Wauquiez » comme le souligne Libération, n’est pas sans évoquer les « Egocentrés » de la même époque : rien de nouveau sous le soleil, donc.

En revanche, les Bobos tels que les peignait David Brooks ont bel et bien disparu … avec la Nouvelle économie, d’ailleurs !

Quand après plusieurs années passées à l’étranger, le journaliste constate à son retour aux Etats-Unis que les Bourgeois se comportent comme des Bohêmes, il ne se réfère pas à une « classe moyenne branchée », mais aux patrons de sociétés cotées au Nasdaq – celles de la Nouvelle économie.

Ce qui est rejeté par les chantres de cette Nouvelle économie, ce n’est pas seulement le système industriel lui-même, mais également toutes les valeurs qui y sont attachées : hiérarchie, possession, paraître. Pour de nombreux entrepreneurs passés sur les bancs de l’université dans les années 68, c’est presque le « grand soir » social …

Désormais, on privilégiera une certaine qualité de vie à la démonstration ostentatoire de sa richesse : on se rendra plus volontiers à son bureau en vélo qu’en voiture allemande avec chauffeur, on soignera son corps et son esprit, etc. On revendiquera un style de vie qui était jusqu’alors plus celui des Bohêmes.

Par Bohêmes, il faut entendre … universitaires, artistes, journalistes, philosophes – des gens ayant souvent les mêmes diplômes que les Bourgeois, mais préférant la qualité de vie à la quantité du compte en banque.

Tout cela finit quand en avril 2000, le Nasdaq s’effondre, emportant avec lui bien des espoirs : et les AOL, Netscape et autres Yahoo n’y survivront pas, à plus ou moins court terme.

Les Bobos, version Brooks, étaient des révolutionnaires : ils ne souhaitaient pas seulement réformer un modèle économique obsolète, ils prônaient d’autres valeurs, d’autres modes de vie ; ils ambitionnaient de créer un monde nouveau et surtout, meilleur que celui dont ils avaient hérité.

Mais les Boubours, légataires des Bobos : certainement pas !

Les véritables héritiers des Bobos, ce sont… les jeunes des nouvelles générations Y – pour une partie – et Z : ce sont eux qui sont en train de construire une nouvelle civilisation où par exemple le mode hiérarchique actuels des entreprises ne fonctionne plus ; où vie professionnelle et vie privée se mêlent sur un tout autre mode que celui du cadre dynamique qui rentre chez lui avec ses dossiers à finir.

Il est de bon ton dans les milieux branchés – bobos au sens parisien du terme, donc – de plaindre ces jeunes qui gagneront plus difficilement et certainement moins bien leur vie que leurs parents : mais une telle réflexion se fait à l’aune des valeurs des dits parents … c’est-à-dire des valeurs dépassées.

Comme les « vrais » Bobos, ces nouvelles générations privilégient l’être – et le bien être – au paraître : ils construisent une société qui, à défaut d’être meilleure dans l’absolu – sera meilleure … pour eux. Venez découvrir l’étude en souscription Gen Z chez Adwise : déjà 80 membres sur notre plateforme digitale ! www.adwise-research.com

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