Avec le développement de l’intelligence artificielle, les robots sont de retour : après leurs heures de gloire dans la fiction, d’Asimov à Kubrick, ils s’inscrivent soudain dans notre quotidien, ou presque.
Au Japon, ils commencent à remplacer les animaux de compagnie auprès des personnes âgées ; ils conseillent également les clients en magasins : ainsi Nescafé a ’embauché’ un millier de robots Pepper, développés par Softbank, pour aider les consommateurs à choisir les produits Dolce Gusto adaptés à leurs goûts. Plus récemment, ce même Pepper participe, comme élève, aux cours d’un lycée de Waseda : “Je n’aurais jamais pensé pouvoir rentrer dans une école pour les humains. Je promets de faire de mon mieux”, a-t-il déclaré (sic !).
Pour le roboticien japonais Masahiro Mori, spécialiste des réponses émotionnelles des entités non-humaines et auteur de la théorie de la “Vallée dérangeante”, les hommes développent une certaine empathie pour les robots disposant de certains traits humains, mais ressentent un très forte répulsion à l’égard des humanoïdes qui leur sont trop proches : la machine doit conserver une certaine distance.
C’est certainement pour cela que les robots qui partagent l’existence des personnes âgées, revêtent le plus souvent une apparence animale.
En Europe, nous n’en sommes pas là – notre capital culturel diffère également profondément, au-delà des technologies : les objets connectés ne prendront certainement pas avant longtemps une apparence humaine.
Mais les voitures que nous conduirons demain ne différeront peut-être pas beaucoup du vaisseau Discovery One de 2001, l’Odyssée de l’espace, et de son ordinateur de bord : HAL – sauf que, miniaturisation aidant, ce qui occupait une salle de la fusée tiendra dans une petite boite sous le tableau de bord.
La question est de savoir qui aura le dernier mot, dans ce véhicule ?
Quand l’haleine du conducteur exhalera plus d’alcool que la loi l’autorise, peu de chance que la voiture démarre : c’est un moindre mal, même s’il n’est pas sûr qu’un individu aviné accepte de bon cœur de se soumettre aux dictats de la machine.
Machine, qui ne fait que répondre aux deux premières lois d’Asimov : première Loi : “Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger” ; et deuxième Loi : “Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi” .
Toutefois Asimov n’avait pas prévu des situations plus basiques, mais ô combien plus réalistes. Prenez le cas de deux véhicules connectés (= deux robots automobiles) qui, de la faute de la mauvaise maîtrise de leurs humains de conducteurs ou simplement de conditions météorologiques extrêmes, foncent l’une vers l’autre sur une route étroite : l’accident mortel est inévitable, mais qui sauver ? Les occupants de quel véhicule ? Sur quels critères choisir qui va survivre ?
Alors que nos politiques peinent à rédiger des lois pour coller aux évolutions technologiques (le High Tech va trop vite, et de plus en plus vite), qui va se lancer dans l’écriture des nouvelles lois de la robotique et de l’intelligence artificielle ?