Ou comment définir une stratégie d’influence efficace…
Parmi les buzzwords de l’année : les « stratégies d’influence » ou comment faire de la pub sans faire de la pub ! Double avantage : les consommateurs croient plus volontiers ce que leur recommandent d’autres consommateurs… et en plus, ça coute moins cher – pas d’achat d’espace, bien évidemment.
L’idée n’est pas nouvelle : sur le Web social, elle est aussi vieille que… le Web social, quand il ne s’appelait encore que Web 2.0. Tout ceci nous ramène plus de 10 ans en arrière ! Et même plus…
Ainsi quand en 2007, BlackBerry – à l’époque leader incontesté des Smartphones professionnels – voulait assurer la promotion de son nouveau modèle 8800, il en envoyait gracieusement un à Loïc Le Meur – blogueur le plus influent en France – pour le tester, en espérant qu’il distille les bons messages à ses lecteurs.
Rien de nouveau sous le soleil : dans les années 70 la marque d’électroménager Vedette payait déjà en machines à laver, ou guère plus, la célèbre Mère Denis – Jeanne Denis de son vrai nom – pour constater à la fin de chaque spot publicitaire : « C’est ben vrai ça ! ».
Quant à Microsoft, pour assurer le lancement de son nouveau Vista, la multinationale privatisa la Grande Arche de La Défense pour inviter tout le gratin des médias et de la blogosphère à assister à un super feu d’artifice – d’où des commentaires dithyrambiques, Suchablog titrant même : « Parce que la perfection existe », rien de moins !
Ce qui n’a pas empêché la majorité des blogueurs – certes, moins influents, mais ô combien nombreux – de dénoncer les insuffisances de l’OS ; quant aux commentaires sur Amazon, ils allaient tous dans le même sens : « Côté innovation, je n’ai pas grand-chose qui vaille la peine… » pouvait-on lire au fil des commentaires.
A la belle époque de la blogosphère déjà, aucune stratégie d’influence ne pouvait modifier la perception d’un produit ou d’un service… mauvais !
Quand sont arrivés les médias sociaux tels qu’on les connaît aujourd’hui – lire Facebook et autres Twitter – les agences ont suggéré à leurs clients de recruter des millions de fans et de followers ; stratégie de dupes, les mêmes marques qui les ont grassement rémunérés pour se constituer de gigantesques bases d’amis devant maintenant payer Facebook pour pouvoir leur parler.
Parfois, pour gagner du temps, elles leur proposaient même d’acheter des fans « au kilo » : des fans totalement bidons, créés de toutes pièces pour l’occasion par des petites mains indiennes ou sri lankaises.
Aujourd’hui certaines proposent pareillement des influenceurs quasiment « au poids » : mais les vrais influenceurs ne se jugent pas à leur nombre mais à leur qualité.
Leur qualité, c’est leur crédibilité… c’est-à-dire leur pouvoir d’exercer leur esprit critique à l’égard des marques : pas simple pour des produits ‘me too’ ou pas très performants.
Leur qualité, c’est leur capacité à créer des contenus pertinents… donc à ne pas recopier à la faute d’orthographe près, les communiqués de presse, comme hélas le font trop de journalistes spécialisés.
Si ce papier, posté sur un blog, puis poussé sur LinkedIn vous parvient, et qu’à votre tour vous le relayer vers vos amis, ce n’est pas parce que j’aurai payé une agence pour le faire circuler sur son réseau d’influenceurs : c’est juste parce que vous en aurez jugé le contenu intéressant et vous aurez choisi de le partager auprès de vos contacts. A bon entendeur !