Les médias sociaux sont-ils encore crédibles ?

Selon un récent sondage, les médias sociaux constituent le premier vecteur d’information des jeunes de la Gen Z, à quasi égalité avec les sites Internet et la télévision ; Adwise l’observe bien au travers de sa communauté Gen Z. Phénomène compliqué à comprendre pour les plus de 35 ans qui privilégient massivement l’audiovisuel traditionnel pour se forger une opinion.

D’où l’énorme responsabilité des Facebook, Snapchat et autres Twitter en la matière ! Sauf que les médias sociaux ne sont en rien des sites médias et que les informations qui y circulent ne sont pas nécessairement publiées par des journalistes ayant recoupé leurs sources.

Très critiqué pour sa gestion – ou plutôt sa « non gestion » – des fausses informations lors de la Présidentielle américaine – les fameuses Fake News –, Facebook tente aujourd’hui de reprendre la main, après avoir récemment supprimé une trentaine de milliers de comptes français « non authentiques » : en d’autres termes, des robots diffusant des rumeurs mensongères… ou pas.

Plus récemment Facebook a également promu via une vaste campagne publicitaires, ses 10 « conseils pour identifier les fausses informations » ; et celles qui lui seront signalées comme telles pourront être transmises à des journalistes extérieurs pour vérification… mais ne seront malgré tout pas supprimées.

Le problème est que bien des réseaux de robots passent sous les radars des spécialistes de la sécurité : récemment, des chercheurs ont découvert par hasard un réseau de plus de 350 000 comptes Twitter totalement automatisés diffusant des citations de la Guerre des étoiles !

Et totalement invisibles pour les systèmes de détection classiques : anodin ? Pas vraiment : car il s’agissait certainement pour ses auteurs de tester l’efficacité et les limites des sécurités mises en œuvre avant de s’engouffrer dans ses failles à des fins moins superficielles.

De tels moyens situent ses auteurs dans le cadre de la désinformation à grande échelle – celle dont on a accusé par exemple les services secrets russes dans le cadre de la Présidentielle américaine… et peut-être la française, difficile de savoir et d’en apporter les preuves.

Reste la désinformation plus « courante », qui est le fait de petits groupes, voire de personnes isolées, destinée à nuire à ceux qui ne ressemblent pas à leurs auteurs ou n’en partagent pas les idées : ces rumeurs d’autant plus difficile à invalider que généralement leur dénonciation les renforce – c’est même le propre des rumeurs, comme le rappelait déjà Jean-Noël Kapferer dans : Rumeurs, le plus vieux média du monde, il y a juste 30 ans.

Jusqu’à ces dernières années, ces rumeurs circulaient essentiellement par les chaines de mails – un média concernant donc plutôt les personnes âgées ; aujourd’hui elles se retrouvent à l’identique sur un Web social massivement fréquenté par les jeunes générations.

La question que l’on peut – ou plutôt doit – se poser est de savoir si les jeunes seront sensibles aux recommandations de Facebook et surtout, s’ils sauront se forger les outils intellectuels leur permettant de discerner le vrai du faux.

Il existe d’excellents sites comme hoaxbuster.com pour vérifier de la qualité des dépêches qui nous paraissent suspectes : encore faut-il déjà avoir un doute ! Et tout cela peut se révéler bien chronophage : pas sûr que la Gen Z ait le temps, ou souhaite le prendre, de la vérification.

Pour certains, se méfier des titres trop ronflants, effectuer des recherches sur la source, faire attention aux mises en forme inhabituelles, etc. deviendra une seconde nature : mais combien ?

Heureusement  l’avenir ne se présente pas nécessairement sous une forme dystopique : deux cas de figures peuvent se présenter.

1er cas, les médias sociaux prennent pleinement conscience de leur rôle informatif au-delà du simple relationnel et se dotent de « comités éditoriaux » – peu importe le nom – pour faire la chasse aux fausses informations par recoupements – en effectuant donc un réel travail de vérification journalistique, ce que leurs immenses moyens peuvent leur permettre.

2ème cas, ils adoptent une politique plus laxiste et perdent toute crédibilité – y compris pour les jeunes générations : si les médias traditionnels jouent correctement leur jeu, ces derniers récupéreront une audience qui aujourd’hui préfère des systèmes gratuits, mais douteux.

Mais la situation actuelle ne saurait perdurer, du moins peut-on l’espérer.

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