Votre banque vous envoie un mail – avec logo, adresse, etc. – pour vous informer que : « Lors de votre dernier achat, vous avez été averti par un message vous informant de l’obligation d’adhérer à la nouvelle réglementation concernant la fiabilité pour les achats par C.B. sur internet et de la mise en place d’un arrêt pour vos futurs achats.
« Or, nous n’avons pas, ce jour, d’adhésion de votre part et nous sommes au regret de vous informer que vous pouvez plus utiliser votre carte sur internet ».
Suit un lien vers le site où vous pourrez « régulariser votre situation » … mais si vous survolez ledit lien, vous découvrez un renvoi, non vers votre banque mais vers … losramonvanenmoto ! Quant à l’expéditeur, c’est un certain zadzadzad qui se cache derrière un (presque) officiel « Service Conseil ».
Seul indice – mais à part bien évidemment ces étranges adresses – un objet cumulant fautes d’orthographe et de syntaxe : « Réglementation concernant pour l’achaat en ligne ».
Tout cela pue l’arnaque – en langage Web, on parlera de scamming, de l’anglais scam = arnaque, escroquerie.
Comment réagir ? Il existe bien un site officiel : internet-signalement.gouv.fr ; très « citoyen responsable » … mais un peu long et fastidieux, surtout en cette période de fin d’année où spamming et scamming explosent !
Une ONG néo-zélandaise, Netsafe, a développé un robot « Re:scam » destiné à vous venger de ces méchants scammers : vous faites suivre le courriel reçu à me@rescam.org et le bot va engager la conversation avec votre correspondant, histoire d’encombrer son serveur et de lui faire perdre son temps.
Le succès relatif du système – 6000 scams reçus et traités 24 heures après son lancement – souligne le changement de paradigme, de la dénonciation aux autorités compétentes à la riposte en miroir : tu m’agresses, je t’agresse.
Changement de paradigme et surtout nouveau type de relations qui sont en train de s’instituer sur le Web, et que l’on pourrait qualifier d’épidermiques, avec pour autre illustration : le trolling.
Le trolling – les trolls sont d’espiègles lutins de la mythologie scandinave qui s’en viennent la nuit tirer les pieds des dormeurs, et dévorer les bébés pour les plus méchants –, sans être récent, commence toutefois à se développer de manière significative à l’encontre des marques sur les médias sociaux, où les internautes s’amusent à provoquer ou agresser gratuitement les marques.
Exemple : ce passager qui twitte : « bonjour @SNCF je suis à bord du train qui part de Gare de Lyon en direction de Lyon, et je fraude. Bonne journée ».
Pourquoi de tels comportements ? Pour amuser ses copains ? Certainement, mais pas seulement : pourquoi s’en prendre à certaines marques et pas aux autres ? La SNCF avec ses retards endémiques attirera toujours les plaisantins .
En fait, les socionautes subissent de la part des annonceurs et des marques une pression constante, contrepartie « légitime » de leur usage gratuit des moteurs de recherche ou des médias sociaux, de Google à Facebook en passant par Twitter et autres Snapchat.
Pression parfois à la limite du supportable – un euphémisme ! Se voir bombarder de réclames pour des presse-citrons quand on vient juste d’en acheter un parce que les spécialistes du retargeting ne savent pas que l’on vient de s’équiper, c’est plus que barbant.
Arrive un moment où l’on a envie de rétablir un certain équilibre dans les relations entre marques, médias et … soi-même ; et comme on peut difficilement se venger – pour l’instant – sur Google ou Facebook, ce sont les marques qui paient les pots cassés.
Pas sûr que tout cela contribue à créer un climat serein ; mais pour les trollers, ça constitue malgré tout une soupape de sécurité.