Plus le temps s’accélère, plus les préjugés s’imposent comme des règles absolues, des axiomes incontournables – et aujourd’hui plus que jamais dans le petit monde du marketing, qui peine bien souvent à suivre les évolutions technologiques et sociétales. Exemple : heureusement qu’il y a les startups pour innover, les grandes entreprises en sont aujourd’hui totalement incapables.
Petite remarque liminaire : pour innover, les startups s’appuient le plus souvent sur des avancées technologiques développées par… les grandes entreprises : car que seraient Uber et autres Blablacar sans smartphones et applis ?
La recherche fondamentale s’inscrit dans la durée – ainsi celle sur la compression des fichiers sonores qui a permis la mise au point du mp3 s’est étalée sur près d’un quart de siècle et a mobilisé tout un consortium de grandes entreprises !
Si demain les ordinateurs quantiques prennent le pas sur nos vieilles – mais bien utiles – machines actuelles, leur développement ne devra rien non plus aux startups, mais aux efforts combinés de multiples laboratoires de recherche, publics et privés, logés tant au sein d’universités que de grands groupes.
Mais nul doute également que des flopées de startups se développeront dans la foulée pour proposer des kyrielles de nouvelles offres.
La presse spécialisée pointe du doigt les jeunes pousses les plus prometteuses, celles qui vont révolutionner leur secteur d’activité… mais n’est pas Google ou Airbnb qui veut !
Le site 1001startups estime à 10 000 le nombre de startups qui se sont créées ces 5 dernières années, en précisant que « près de 90% de startups échouent » ; mais toutes rêvent de rejoindre la dream team des 150 licornes mondiales – celles qui pèsent plus d’un milliard de dollars.
90% d’échec : un chiffre qui n’est pas sans rappeler celui avancé par Jean-Claude Andréani en 2001 dans la Revue Française du Marketing : « En 10 ans, le taux d’échec des lancements d’un nouveau produit sera passé de 40% en moyenne pour les produits de grande consommation, les produits industriels et les services, à 95% aux USA et 90% en Europe ».
En d’autres termes, les startups n’ont ni l’apanage de l’innovation, ni surtout celui de la réussite – ni même celui de l’échec : alors, pourquoi un tel engouement pour ces nouvelles entreprises ?
Parce que ça paraît si simple de toucher le Jackpot : c’est presque le Loto ! Tout le monde peut (ou croit pouvoir) décrocher la timbale…
On retrouve les vieux fondamentaux du marketing de l’offre ; sous prétexte que les consommateurs seraient bien incapables de se prononcer sur des projets aussi disruptifs que les leurs, les jeunes entrepreneurs les ignorent souvent complètement.
Pourtant depuis les années 30, le marketing a bien progressé : pourquoi ne pas faire preuve d’un peu de modestie et mettre un peu plus de chances de son côté, en validant l’intérêt de ses futurs clients pour les produits et services que l’on souhaite leur vendre ?